Tin Can Bay _ les dauphins

Les grandes lignes



En 2000, le Lonely Planet indiquait qu'à Tin Can Bay, un petit village au nord de Brisbane, des dauphins venaient très souvent vers 8h du matin au débarcadère et qu'on pouvait les nourrir.


Nous sommes arrivés la veille au soir à Tin Can Bay et nous sommes installés dans un camping, pas des plus sympas parce que situé dans le village et quasiment totalement occupé par des résidents à demeure. De toute façon il n'y avait pas grand choix.

Le lendemain dès 8h nous étions à l'embarcadère où évoluaient deux dauphins, sous les yeux d'une douzaine de personnes, surveillées par une "volunteer" qui s'assurait qu'on les traitait bien et en particulier qu'on ne les caressait pas, de crainte de leur communiquer des virus. Elle notait un tas d'observations dont la quantité de poissons qu'on leur donnait.

Le poisson s'achetait, assez cher, à deux pêcheurs installés un peu en arrière. Ce jour là j'ai pu donner une bonne quinzaine de poissons et quelques uns m'ont été chipés dans la main, au vol par des cormorans qui nous guettaient à quelques mètres.

Après une demi heure nous étions seuls avec les deux dauphins qui ont fini par partir vers le large. .

Nous avions passé un bon moment et apprécié d'être au contact des dauphins et de les nourrir. Je m'étais fait gentiment tirer les oreilles pour n'avoir pas pu m'empêcher d'en caresser un. La "volunteer", dans son bel uniforme et sous son grand chapeau nous avait expliqué qu'en limitant la quantité de nourriture au dixième de leurs besoins ils restaient sauvages et que c'était de leur propre initiative qu'ils venaient au contact des hommes.

Nous sommes revenus deux ans plus tard. Il y avait déjà plus de monde mais on pouvait encore profiter des dauphins dans le calme.

 

En 2008 nous avons voulu montrer les dauphins à notre petit garçon. Des panneaux publicitaires placés sur l'highway rabattaient les voyageurs, quatre "volunteers" montaient la garde, un dauphin tournait devant ce monde. Rien ne se passait, il fallait attendre le bateau avec des spectateurs venus de l'autre côté de la baie avant de leur donner à manger. Puis le volunteer en chef, tout imbu de son rôle pédagogique nous a infligé 10 minutes de baratin sur les dauphins. On eut enfin le feu vert pour ... se passer les patounes dans une solution antiseptique, acheter un poisson à condition de jouer des coudes et qu'il en reste et enfin, pour les chanceux de nourrir le bestiau.

C'est dommage qu'en huit ans, sous couvert d'un faux intérêt pour les dauphins, la prise en main de ce qui était à l'origine un moment naturel par un quatuor de retraités désoeuvrés gâche à ce point un tel moment.

Le dauphin restant n'était plus très frais, son corps était zébré de marques, son aileron bien entaillé. Le jour où il rejoindra le paradis des dauphins que je lui accorde pour le plaisir qu'il nous a donné, il restera à Tin Can Bay quatre pauvres hères encore plus désoeuvrés. Que feront-ils? Peut être un "volunteers show", mais pour moi ils peuvent aller au diable, je n'aime pas qu'on gâche mon plaisir.

Et Tin Can Bay redeviendra ce que son nom veut dire : la baie des boites de conserve.

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